Alice in What ? — plus qu’un clin d’œil
La compagnie Alice in W. est une jeune compagnie lausannoise crée en 2011 autour de Damien Gauthier.
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Si le nom fait évidemment référence à Lewis Carroll ce n’est pas pour présenter des contes de fées pour enfants. Alice au pays des merveilles est l’histoire d’une remise en question : celle des convenances, de la « bonne » éducation, de la logique et du « bon sens ». Alice explore le monde avec logique et curiosité[1], et cela l’amène à prendre conscience d’une nouvelle réalité ainsi que d’une autre façon d’appréhender la société et le monde matériel.

La compagnie Alice in W. s’intéresse au contraste entre la réalité du monde et notre perception de celui-ci ; le personnage d'Alice s’est alors naturellement imposé à nous, surtout si l’on considère que Damien Gauthier, comme Lewis Carroll, était mathématicien de première formation.

[1] Lewis Carroll la décrit dans Alice à la scène comme« curieuse, extravagamment curieuse ».
Alice in Why ? — Interroger le réel, nos perceptions, nos aveuglements
La compagnie a une double mission : explorer avec l’outil théâtral le concret du monde mais également notre façon de l’appréhender.
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Qu’est-ce que le réel ? Le monde physique, l’espace, le temps, la matière ? Quelles sont les limites de nos perceptions humaines ? Comment ces limites influencent-elles notre rapport au monde ? Comment traiter l’invisible, l’inconnaissable ?

Nous voulons pratiquer un théâtre ouvert sur l’extérieur, qui n’oublie pas qu’un public composé d’êtres humains est présent au moment de la représentation, qui a conscience d’être observé, regardé, et que la création se pratique au présent.
Alice in Where ? — Interroger les conventions au théâtre
Interroger nos perceptions, c’est aussi interroger nos conventions de spectateur. Bien que débarrassé depuis longtemps du quatrième mur, le théâtre dispose encore de nombreuses conventions, notamment celle pour le spectateur de «jouer le jeu» et d’« oublier » qu’il est dans une salle de théâtre et non pas dans le palais de l’empereur à Rome ou au chevet des amants à Vérone.
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Comme dit Denis Guénoun, « pourtant la scène n’est pas dans Rome » (Lettre au directeur de théâtre, Les cahiers de l'égaré, 1996). Nous cherchons, comme Godard au cinéma, en référence à la théorie du simulacre de Baudrillard, à ne pas oublier la réalité présente, à garder à l’esprit qu’il s’agit en permanence d’un simulacre, d’une représentation de la réalité, à ne pas confondre le signifiant et le signifié — peut-être est-ce là d'ailleurs un des propos de la philosophie de Baudrillard et du théâtre « épique » ?
Alice in When ? — La continuation d’un parcours
Damien Gauthier commence son parcours de mise en scène par deux assistanats (pour Simone Audemars et Nathalie Lannuzel), puis une expérience de porteur de projet pour la compagnie Tête en l’air et enfin la co-création du projet « L’Odyssée de l’Univers » autour de la physique quantique avec Simone Audemars et Michel Beretti.

Les questions qui l’animent prennent racines bien sûr dans son passé scientifique, notamment au contact des étonnantes théories de la relativité et de la mécanique quantique, mais elles se trouvent également déjà présentes au sein d’écritures comme celles de Jon Fosse, Maurice Maeterlinck, Harold Pinter ou encore Martin Crimp…
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C’est pour explorer ces écritures en profondeur que la compagnie Alice in W fut fondée en 2011.
Alice in Who ? —
Damien Gauthier
- Lewis Carroll étais mathématicien (logique mathématique) tout comme Damien Gauthier (mathématicien EPFL, PhD en probabilités)
- Mathématicien EPFL, PhD en probabilités en 2006
- Diplôme de comédien professionnel de l’Ecole du Théâtre des Teintureries en 2009
-Œil extérieur pour Lettre à sa fille, correspondance de Calamity Jane pour la compagnie de la Bulle en 2009
-Assistant à la mise en scène pour Simone Audemars pour Jeanmaire, une fable suisse en 2010
-Assitant à la mise en scène pour Nathalie Lannuzel pour La Femme d’avant en 2010-11
-Assistant à la mise en scène/œil extérieur pour la reprise de La Femme d’avant en mars 2012
-Chargé de recherche avec Simone Audemars et Michel Beretti pour L’Odyssée de l’Univers, projet de recherche sur le théâtre de la science en 2011-12
Citations
"(.) tout le problème de l'art, c'est qu'il se trouve affronté à un statut de l'image qui lui a échappé, c'est-à -dire ce qu'il pouvait y avoir justement dans l'art, la puissance de l'illusion dont nous parlions tout à l'heure, cette possibilité de défier le réel, de créer une autre scène que celle du réel.​ (.) À partir du moment où tout est devenu visible, où tout est dans la visualité, où toute chose accède à l'image, tout est donc immédiatement matérialisé dans l'image; il y a de moins en moins de place, effectivement, pour une autre symbolique qui toucherait aux formes, qui jouerait avec une forme, une forme de jeu relativement arbitraire qui ne répondrait que de lui-même, etc. Ça c'est très, très difficile aujourd'hui; malheureusement la disparition des avant-gardes, ne signifie pas la disparition des arrière-gardes, c'est plutôt même le triomphe, d'une certaine façon, de l'arrière-garde... Mais ce ne sont pas des groupes, c'est le fait que l'art entier se trouve lui aussi assigné à récapituler un peu toutes les formes antérieures, à refaire l'histoire de l'art à l'envers et à gérer tout son passé, ça c'est un problème au fond."
(Jean Baudrillard, entretien aux Humains Associés)

"(.) je pense que s'il y a un point extérieur d'où on puisse fonctionner, extérieur à ce système, à ce moment-là , il faut vraiment prendre le parti - ça fait un peu prétentieux - de la pensée, de la théorie, etc. Or, elle doit être radicalement et rigoureusement en dehors, c'est-à -dire qu'elle doit être un défi au monde réel, une fiction, elle doit tenter d'inventer d'autres formes et non pas d'essayer de disculper ou de réinventer des valeurs qui sont de toutes façons perdues."
(Jean Baudrillard, entretien aux Humains Associés)